Cette année, nous avons décidé de créer des bilans pour aider le clinicien à diagnostiquer, gérer, et suivre la péritonite infectieuse féline (PIF). Voyons dans ce blog, comment les utiliser.

PIF sèche : nous proposons un très large bilan biologique comprenant une numération formule et une analyse biochimique complètes, ainsi qu’une électrophorèse des protéines sériques.

Nous ajoutons à cette base de données essentielle le dosage de l’Alfa-1 Glycoprotéine Acide féline (fAGP), une protéine de la phase aiguë très utile lorsqu’on suspecte une PIF – (voir aussi le récent article sur notre blog : Le retour d’un grand classique : l’AGP (Alpha-1 Glycoprotèine Acide) fèline – et le dosage des anticorps anti-coronavirus félins par la technique IFI (immunofluorescence indirecte).

Le problème des patients atteints de PIF sèche est le manque de spécificité des signes cliniques et pathologiques de l’inflammation chronique : la confirmation définitive de ces symptômes demanderait l’identification directe du coronavirus dans les lésions parenchymateuses, par une immunohistochimie et/ou une biologie moléculaire (PCR). Cependant, ces procédures invasives requièrent des biopsies qui ne peuvent pas toujours être exécutées facilement.

La présence d’altérations sanguines et électrophorétiques typiques, associée à un titre sérologique IFI moyen/élevé et à une concentration d’AGP élevée, permettrait de favoriser la suspicion clinique d’une PIF sèche. Notamment, en cas de PIF, l’hémogramme inclus dans ce bilan MYLAV Général peut permettre de détecter une anémie normocytaire, normochrome non régénérative ou éventuellement une anémie microcytaire associée à une leucocytose neutrophilique et/ou une lymphopénie.

Le tableau biochimique peut mettre en évidence des modifications sur un ou plusieurs organes, plus particulièrement des altérations fréquentes indiquant un problème rénal (augmentation de la créatinine et de l’urée) et hépatiques (augmentation des ALT, des PAL et de la bilirubine) mais surtout une hypoprotéinémie, une hypoalbuminémie, et une inversion du ratio albumine/globuline.

Ces dernières altérations peuvent faire l’objet d’un examen plus approfondi grâce à l’électrophorèse incluse dans le bilan, qui, en cas de PIF, montre habituellement une augmentation des alpha-2 et des gammaglobulines, et grâce au dosage de l’AGP, qui est généralement très élevé (couramment >1500 ug/ml) en cas de PIF :

Électrophorèse (méthode capillaire) des protéines sériques d’un chat atteint de PIF, avec hypoalbuminémie et gammapathie polyclonale importante
Électrophorèse (méthode capillaire) des protéines sériques d’un chat atteint de PIF, avec hypoalbuminémie et gammapathie polyclonale importante

PIF humide : Par rapport à la PIF sèche, la forme humide a l’avantage de permettre l’analyse de l’épanchement intra-cavitaire qui, dans de nombreux cas, permet de confirmer le diagnostic. Outre l’analyse biochimique sanguine complète et le dosage de l’AGP, qui peuvent permettre de mettre en évidence les anomalies typiques indiquées ci-dessus, nous effectuons une analyse cytochimique du liquide d’épanchement et la recherche du virus par PCR.

Les épanchements des patients atteints de PIF ont en effet des caractéristiques biochimiques (protéines élevées, rapport albumine/globuline souvent < 0,8, LDH élevées avec un rapport élevé entre la LDH et la totalité des cellules présentes dans l’épanchement) et cytologiques (présence d’un exsudat aseptique avec une faible cellularité, une teneur protéique élevée et une prévalence de granulocytes neutrophiles non dégénérés) qui suggèrent fortement une PIF. Une PCR positive du liquide d’épanchement confirme à 100 % le diagnostic de la PIF (spécificité élevée), même si la sensibilité de la biologie moléculaire n’est pas absolue (sensibilité égale à environ 70/80 %). Suivi de la PIF : chez les chats dont le diagnostic de PIF est confirmé, nous proposons un bilan de suivi des thérapies effectuées, avec un bilan biochimique standard et le dosage de l’AGP. L’amélioration clinique doit en effet s’accompagner d’une amélioration des lésions biochimiques sanguines classiques de la maladie et d’une réduction de l’AGP.

Chatteries, colonies et élevages : il est bien connu que le coronavirus responsable de la PIF dérive du coronavirus félin entérique au travers des mutations génétiques qui favorisent l’infection des macrophages et l’invasion des tissus : plus la circulation et la réplication du coronavirus entérique sont importantes entre chats, plus la probabilité d’observer des cas de PIF de stade avancé sera grande.

Dans les environnements où le coronavirus félin est susceptible de circuler de façon importante, nous disposons de deux méthodes de surveillance potentielles :

La sérologie par IFI aide à comprendre le degré d’exposition des chats présents dans ce contexte à des infections antérieures.

Par ailleurs, la recherche du coronavirus dans les selles peut nous aider à comprendre qui sont les sujets excréteurs, même s’il convient de rappeler que l’élimination du virus dans les selles peut être irrégulière et intermittente également chez des patients complètement asymptomatiques.

Pour une prévention correcte, il est donc important de réduire, dans la mesure du possible, le nombre de chats en présence et d’utiliser des examens sérologiques et/ou des PCR répétés sur les fèces, effectués en échantillonnage aléatoire sur chaque groupe d’animaux à une fréquence variable selon le nombre de chats présents (par exemple : une fois par mois si les chats sont nombreux, plus espacés dans le temps s’il y a moins de chats).

Saverio Paltrinieri, Médecin Vétérinaire EBVS European Specialist in Veterinary Clinical Pathology (Dipl. ECVCP) ; Université de Milan
Walter Bertazzolo, Médecin Vétérinaire EBVS European Specialist in Veterinary Clinical Pathology (Dipl. ECVCP) ; Directeur scientifique de MYLAV